À juste titre, l’action bien conduite du paysagiste est bien souvent invisible. Les herbes vagabondes et indisciplinées interpellent davantage que les pelouses sagement tondues.

À mon sens, le module « jardin créatif » que nous proposons à Pouillé est là pour rappeler que le paysagiste a aussi le devoir de questionner l’espace en le réinterprétant, que ce soit de manière pérenne ou ponctuelle.

Chaque projet est une expérience sociale : les élèves en action sont eux même interpellés par les interprétations du public :

« À quoi ça sert ? » « Ça va rester là ? » «Je préfère votre plage de sable qu’une plage de devoirs… »

Ce dialogue qui s’instaure est précieux dans notre exercice car il incite à un retour réflexif.

Le paysage n’étant pas universel, tout le monde ne remarque pas la même chose. Tandis que les jeunes perçoivent instamment le logo tracé au sol d’une célèbre console de jeux, certains adultes interrogés ne perçoivent qu’une forme abstraite. Le futur paysagiste a le devoir de tenir compte de la polysémie et de la diversité de références.

Toute création demeure subjective et contestable. Alors, profiter de l’exercice pour rappeler que 40% des amphibiens sont menacés d’extinction à cause de la pollution et la raréfaction des zones humides n’est pas vide de sens. Les tritons et salamandres sont les espèces les plus menacées : cet exercice aura été un bon prétexte pour le rappeler à nos consciences.

« Monsieur, vous pouvez nous prendre en photo avec notre réalisation !? »

La publication « Insta » de l’élève semble valider l’adhésion au projet tout en atténuant la frustration d’effacer de l’espace l’exercice réalisé.

Stéphane Daupley